Photo : La Presse Canadienne

Cher papa, merci pour ton rêve olympique!

Cher Tat, (note de l’éditeur : en ukrainien, « tat » est le diminutif de papa et se prononce « taht »)

Aujourd’hui, en célébration de la fête des Pères, je te mets sur la sellette. Pendant des années, je t’ai écrit des notes et des cartes pour ton anniversaire, pour Noël, pour la fête des Pères et ainsi de suite. Toutefois, tu étais le seul à les lire.

Cette année, ce sera différent.

Comme père, il est difficile de trouver une autre personne qui fait preuve d’autant d’amour et d’appui inconditionnels que toi. En d’autres mots, tout enfant, garçon ou fille, serait fier d’être élevé par un père comme toi.

Depuis le décès de maman, il y a 15 ans, ton dévouement comme père pour Mykola et moi se résume non pas par les choses que tu as faites, mais plutôt par les choses auxquelles tu as renoncé afin de nous voir réussir dans tous nos projets.

Eh oui, je veux parler de ce fameux garage double que tu souhaites avoir depuis toujours!

Si je repense à ces quelques années qui ont bouleversé notre vie, tu nous as tout donné afin que Mykola et moi n’ayons jamais à sacrifier nos ambitions. Évidemment, tes « garçons » ont dû grandir plus rapidement que la moyenne des autres enfants, mais ce n’était rien comparé aux sacrifices que tu fais pour nous afin que nous puissions continuer d’assumer notre héritage ukrainien par la langue et la danse, d’être inspirés par la musique et, bien sûr, de pratiquer un sport qui allait devenir une passion – le patinage de vitesse.

De plus, au lieu de simplement regarder tes garçons concourir depuis les gradins, tu t’es lancé dans l’arbitrage et tu es devenu un officiel de départ. Au fil des ans, tu as atteint tes propres jalons comme officiel : niveau 1…niveau 2…niveau 3… pour éventuellement figurer sur la liste des officiels de départ des championnats à titre d’un des 24 meilleurs officiels de départ de niveau 5 au monde. Pas mal pour un père qui refusait de rester assis et inactif dans les gradins!

Tandis que Mykola et moi caressions nos rêves olympiques, tu rêvais aussi avec nous.

Avant et après les Jeux de 2010 à Vancouver, nous avions comme objectif commun de nous rendre à Sotchi comme participants et officiel aux Jeux olympiques d’hiver de 2014.

Parfois, il arrive que la vie en décide autrement, que ça nous plaise ou non.

L’an dernier, Mykola a décidé qu’il était temps pour lui de commencer sa carrière d’ingénieur chimiste et, pour des raisons de séniorité, il semble peu probable que tu seras un des officiels de départ au mois de février prochain.

Mais rien n’arrête les trois Makowsky! Nous avons réalisé en partie notre rêve en mars dernier à Sotchi à l’occasion des Championnats du monde de 2013.

Tu sais très bien que je me suis qualifié de justesse pour ces championnats, après avoir été malade pendant la majeure partie de l’hiver. Au moment où j’avais besoin d’un peu d’encouragement et d’appui pour terminer la saison, devine un peu qui est arrivé à l’hôtel le soir même de mon arrivée à Sotchi?

Toi et Myk.

Bon, je passerai sous silence les nombreuses personnes qui ont semé des indices qu’une surprise se tramait… hum… Scott Stefani… hum… Hans Terstappen… hum… Julie Healy… mais aucun de ces indices n’a gâché l’enthousiasme que j’ai ressenti lorsque vous vous êtes présentés à ma porte.

Ce ne sont pas tous les parents (ou les frères) qui se rendraient à l’autre bout du monde pour vous encourager et vous remonter le moral après avoir été sur la route et malade pendant plus d’un mois. En soi, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais.

Alors que les trois Makowsky se trouvaient à Sotchi, il allait de soi que nous devions prendre une photo de nous trois dans l’aréna Adler, là où nous avions rêvé de nous rendre dans moins d’un an.

Note de l’éditeur : (je suis certain que pendant son séjour à Sotchi, mon père songeait également à tous les entraîneurs et les officiels tandis qu’il recherchait secrètement l’endroit idéal pour établir le salon officiel des Makowsky à Sotchi!)

En fait, qu’en est-il du garage double auquel tu as renoncé pour ta famille?

Bien, techniquement parlant, tu n’en as toujours pas un puisque tu es plutôt passé directement au garage triple! L’été dernier, tu as entamé un nouveau chapitre de ta vie dans une nouvelle maison et je suis très heureux que tu aies enfin le garage que tu as toujours voulu.

Je t’ai envoyé ta vraie carte par la poste, alors pour le moment, je crois que celle que tu m’as envoyée pour mon dernier anniversaire traduit parfaitement ce que je ressens aujourd’hui. À quelques mots près, la carte disait :
Pour toi, papa

Je pensais à toi aujourd’hui quand j’ai réalisé que je ne t’avais pas dit depuis longtemps à quel point c’était formidable de t’avoir comme père…

Il m’arrive parfois de m’inquiéter pour toi, mais c’est tout à fait normal de la part d’un fils. Plus souvent, je songe à la personne spéciale que tu es et à tout le bonheur que ta bonne humeur et ta volonté d’aider me procurent dans ma vie…

Je t’ai critiqué parfois et j’ai même peut-être essayé de te changer à certains moments, mais je t’aime comme tu es, et je suis fier de ce que tu es.


Profite bien de ton nouveau garage, tat. Bonne fête des Pères!

Je t’aime.

Lucas