La retraite à 30 ans
La plupart des gens commencent à penser sérieusement à la retraite lorsqu’ils atteignent la quarantaine. Les athlètes eux doivent commencer à y penser à l’adolescence ou dans la vingtaine.
Tôt ou tard, tout le monde devra faire face à un changement de vie à 180 degrés. Que ce soit dans le monde du travail ou du sport haute performance, nous prendrons tous notre retraite, seulement pas au même moment.
Un peu plus d’un an avant les Jeux olympiques de Beijing, le cancer a emporté le frère de la plongeuse Blythe Hartley, Strachan. C’est à ce moment que la médaillée de bronze des Jeux olympiques a pensé pour la première fois à la retraite. « Pendant une longue période après son décès, je ne savais pas si je remettrais un jour les pieds sur un tremplin, » confie-t-elle.
Elle s’est toutefois remise à plonger et malgré ses trois mois d’entraînement en moins, Blythe est partie de Beijing avec son record personnel au tremplin 3 m en poche, une quatrième place. Et puis les choses se sont compliquées.
Après les Jeux, Blythe est partie en voyage et a amorcé sa transition. C’est avec une grande franchise qu’elle décrit son parcours. « J’ai traversé une période très difficile après 2008. J’ai fait un long voyage qui m’a beaucoup aidé. La mort de mon frère et l’entraînement en vue des Jeux olympiques m’ont fait vivre des émotions extrêmes. J’ai ressenti le besoin de faire une pause. Mais en revenant, la transition m’a frappée de plein fouet et ce n’était pas facile. »
Elle décrit le vide inévitable qu’elle a ressenti quand est venu le temps de laisser derrière un pan de sa vie et la stabilité de son dévouement envers sa discipline pour affronter l’inconnu d’un nouveau chapitre.
« On s’investit à fond dans le sport. On se donne corps et âme et après, ça nous manque. Je m’ennuyais de beaucoup de choses. Le sport et les gens me manquaient, » raconte Blythe.
La quadruple médaillée olympique Jennifer Botterill parle des défis auxquels elle a fait après sa carrière de hockeyeuse et des joies de sa nouvelle vie.
Quitter le monde du sport n’est pas seulement difficile en raison de sentiments éphémères. C’est bien plus que ça. Se mesurer aux meilleurs athlètes au monde exige une concentration absolue au détriment des autres aspects de la vie de l’athlète, comme la préparation en vue de la prochaine étape.
Le point de vue de Blythe est très intéressant : « J’étais bien préparée pour la retraite, mais on réalise que c’est exceptionnellement difficile de s’y préparer quand vient le moment de changer. »
À son retour de voyage, Blythe a occupé quelques emplois à temps plein. Elle se souvient en riant que quelqu’un l’avait reconnue dans la salle des dossiers de l’un de ses premiers emplois. « J’avais un petit boulot et quelqu’un a reconnu mon nom. La personne m’a demandé de but en blanc ce que je faisais là. »
Elle a toujours du mal à y croire. « Il faut bien commencer quelque part!, » se souvient-elle avoir répondu. Elle se rappelle « avoir eu la volonté de tout essayer et toutes les connaissances du sport sont parfaitement transférables quand on prend sa retraite. »
Le planificateur
On peut difficilement trouver un athlète olympique canadien plus accompli qu’Adam van Koeverden. Même s’il s’entraîne en vue des Jeux de 2016 à Rio, le champion olympique admet penser à ce qu’il fera quand il rangera son kayak.
« Tous les jours, je réfléchis à ma vie après le sport. Je sais bien qu’une plus grande partie de ma carrière est derrière moi que devant moi. »
Le champion olympique Adam van Koeverden parle de sa réflexion à propos de ce qu’il fera après sa carrière sportive.
Quitter le sport d’élite, comme tout autre changement majeur, demande de grands efforts. Si la planification est une bonne idée, il faut s’attendre à ce que l’inconnu et les défis nous rattrapent malgré toutes nos bonnes intentions. Ce sera toujours plus facile pour certains et plus difficile pour d’autres.
Blythe Hartley est maintenant conseillère en ressources humaines pour une entreprise pétrolière et gazière de Calgary et a été commentatrice des épreuves de plongeons lors des Jeux de 2012 à Londres. Elle est en harmonie avec sa nouvelle identité. « Ce n’est pas trop difficile de me voir comme autre chose qu’une plongeuse. Je suis la même personne, mais j’ai traversé une transition importante et je fais quelque chose de nouveau. » ,