L’ultimate pourrait-il devenir une discipline olympique?
Olympique.ca fait part d’idées sur la forme que pourraient prendre les sports olympiques en vue des Jeux à venir. Nous appelons cette série : Les Jeux du futur.
Gagnant de plus en plus en popularité, l’ultimate a fait du chemin depuis sa création au niveau universitaire.
Longtemps perçu par les non-initiés comme activité majoritairement pratiquée sur les campus américains, l’ultimate a connu un essor fulgurant au cours des dernières années. En fait, le sport a évolué au-delà de la scène collégiale américaine pour enfin se tailler une place sur la liste des sports officiels, fait attribuable à l’émergence de deux ligues professionnelles en 2012 : la Major League Ultimate (MLU) et l’American Ultimate Disc League (AULD), cette dernière réunissant quatre clubs canadiens : le Royal de Montréal, les Outlaws d’Ottawa, le Rush de Toronto et le Riptide de Vancouver.
Le sport à l’échelle internationale a aussi réalisé des progrès impressionnants, comme en témoignent les nombreux tournois qui ont lieu chaque année aux quatre coins du monde, entre autres, le World Beach Ultimate Championships qui a lieu cette semaine à Dubaï. Des compétitions comme celle-ci présentent de multiples divisions, allant du jeu mixte aux tournois de niveau junior.
Équipe Canada au Championnat mondial junior d’ultimate de 2014
Tout comme le soccer, l’attrait initial de l’ultimate à l’échelle mondiale réside dans sa simplicité, grâce à laquelle les possibilités de rayonnement éventuel s’annoncent pratiquement infinies. Tout ce qu’il faut pour participer au sport est de l’espace, des joueurs et, bien entendu, un disque. Dans un récent rapport (SFIA report), on estime à 5 millions le nombre de personnes pratiquant l’ultimate en 2013 seulement aux États-Unis.
Au cours de la même année, le Comité international olympique (CIO) a officiellement reconnu la World Flying Disc Federation, organisme de réglementation du sport, ce qui en fait valoir davantage la légitimité et nous incite à poser la question : Serait-il possible de voir un jour l’ultimate faire son entrée sur la scène olympique?
Charlie Eisenhood, rédacteur en chef de la revue en ligne Ultiworld.com semble le croire.
« S’il existe de l’espace pour accueillir de nouveaux sports, il semble plutôt possible que l’ultimate soit inscrit au programme des Jeux olympiques un jour », affirme-t-il dans un courriel.
La possibilité d’inclusion de l’ultimate dans le programme des Jeux olympiques dépend, en grande partie, de son harmonisation avec les valeurs du CIO et sa plateforme nouvellement refondue.
« Vu les changements radicaux qui attendent les Jeux olympiques à compter de 2020, le climat semble nettement plus favorable à l’inclusion de l’ultimate et d’autres sports parallèles de moindre envergure dans le programme des Jeux olympiques. L’ultimate, en particulier, présente de nombreux atouts aux yeux du CIO, y compris une politique très rigoureuse en matière d’égalité des sexes, un jeu mixte couronné de succès et un style unique en son genre lié à l’utilisation d’un disque volant plutôt qu’une balle. Par ailleurs, l’ultimate préconise fortement l’esprit sportif, dont les matchs sans arbitre au niveau international », écrit-il.
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Il faut ajouter à cela, l’engagement de l’ultimate envers l’esprit sportif, l’égalité des sexes et les règlements antidopage, ces derniers étant tous des éléments qui s’harmonisent avec la vision à long terme du CIO.
Elliot Trotter, rédacteur en chef de Skyd magazine – publication américaine axée sur l’ultimate – croit, lui aussi, en les aspirations olympiques du sport. « Il semble que la question n’est pas de savoir si l’ultimate fera partie du programme olympique, mais plutôt quand cela se concrétisera », communique-t-il dans un courriel.
Bien qu’il se montre optimiste, Trotter reconnaît néanmoins qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, surtout outremer.
« Afin de réaliser cet objectif visant à inclure l’ultimate dans le programme olympique, le sport devra surmonter le grand obstacle qu’est la rapidité avec laquelle il peut évoluer à l’extérieur du continent nord-américain. Au cours des cinq dernières années, la WFDF n’a ménagé aucun effort pour accroître le nombre de possibilités de compétition sur la scène internationale; cette démarche a d’ailleurs permis aux pays participants existants de renforcer leurs programmes et aux nouveaux pays participants d’intégrer le circuit », explique-t-il.
Selon Trotter, il faut 75 fédérations nationales pour que le CIO envisage même la possibilité d’attribuer à l’ultimate le statut de discipline olympique. La WFDF, dont Ultimate Canada fait partie, en compte actuellement 58.
Un autre obstacle réside dans les changements « lents et mesurés au sein du CIO », comme le décrit Eisenhood. « Depuis toujours, les nouveaux sports ont de la difficulté à percer la famille des sports olympiques, en raison des plafonds imposés à la fois au nombre de sports et d’athlètes. »
La justification qui a permis l’inclusion du rugby dans le programme des Jeux olympiques pourrait bien servir à régler le problème du nombre d’athlètes, car le rugby à sept a été privilégié en vue de Rio 2016 plutôt que le traditionnel format consistant en 15 joueurs par équipe. En plus de proposer le format de cinq et quatre joueurs à la place du format populaire 7 contre 7, l’ultimate offre l’option de compétition mixte, ce qui réduit ainsi encore davantage le nombre de participants totaux.
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Toutefois, le problème le plus crucial en termes de chiffres ne relève pas du terrain, mais plutôt du développement financier du sport.
« Les Jeux olympiques sont une activité fort rentable ces jours-ci », ajoute Eisenhood. « Ils (les membres du CIO) rechercheront des sports qui se sont révélés captivants pour les téléspectateurs. Même s’il est passionnant de regarder l’ultimate, le sport se trouve encore à un stade précoce sur le plan du marketing. »
Quoique cela ne se produise pas du jour au lendemain, les amateurs d’ultimate peuvent espérer qu’un jour ils verront la présentation du sport sur la plus grande scène au monde.
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Photos via Ultimate Canada