La nage synchronisée atteint de nouveaux sommets
Novembre 2015 : Olympique.ca explore l’évolution du sport – détails.
En moyenne, une personne peut retenir son souffle pendant deux minutes. Les nageuses synchronisées de niveau international peuvent aller jusqu’à trois minutes… à l’envers… sous l’eau… tout en effectuant une chorégraphie parfaitement réglée.
Et ce n’est pas ce qui impressionne le plus! C’est la vitesse à laquelle les nageuses exécutent la chorégraphie qui est vraiment spectaculaire. Et la cadence augmente à chaque compétition.
« Ce qui est excitant de la nage synchronisée en ce moment, c’est l’évolution extrêmement rapide du sport », explique Karine Thomas, une des membres du duo de nage synchronisée canadien qui a gagné l’or aux Jeux panaméricains et qui s’est qualifié pour les Jeux olympiques de 2016 à Rio.
« Tous les ans, les routines sont de plus en plus rapides et exigeantes physiquement », ajoute l’athlète de 26 ans au téléphone. « Il y a trois ans à peine, c’était tellement différent, alors si on regarde les performances d’il y a 15 ans, c’est comme un tout autre sport. »
Et elle ne plaisante pas :
Jeux olympiques de 2000 à Sydney
Jeux panaméricains de 2015 à Toronto
EN SAVOIR PLUS : Duo de nage synchro médaillé d’or à TORONTO 2015 | L’or à l’épreuve par équipe
Selon l’olympienne, qui faisait partie de l’équipe canadienne ayant obtenu la quatrième place à l’épreuve par équipe aux Jeux olympiques de 2012 à Londres, cette récente évolution est attribuable aux avancées réalisées en dehors de la piscine, à l’abandon de certaines routines plus traditionnelles et au fait que l’on cherche l’inspiration à l’extérieur du sport.
« L’entraînement auquel nous nous soumettons en dehors de l’eau est très important. Notre formation de ballet nous aide à renforcer notre tronc et à mieux contrôler notre centre de gravité quand nous faisons des mouvements de jambes, un peu comme les danseurs de ballet, mais à des vitesses extrêmes; il est donc tout aussi important que nous repoussions nos limites en dehors de l’eau comme dans l’eau. »
En plus des cours de ballet, les membres de l’équipe canadienne de nage synchronisée s’exercent aussi avec un entraîneur de ski acrobatique pour améliorer leurs techniques aériennes et atteindre de nouveaux sommets (littéralement). Tout comme les plongeurs, elles s’entraînent d’abord sur des matelas avant de passer à la piscine.
« Nous commençons tout juste à comprendre à quelle hauteur nous sommes capables d’aller et à quelle vitesse nous pouvons tourner. Le Canada est l’un des pays à l’avant-garde dans ce domaine. Nous aimons repousser les limites. »
Les connaissances et les aptitudes physiques que nous acquérons grâce à ces différents sports se traduisent par des vitesses d’exécution jamais vues dans la piscine, ce qui pousse les entraîneurs à se tourner vers la technologie afin de pouvoir examiner les moindres détails. L’utilisation de la reprise vidéo instantanée pendant les entraînements, par exemple, est devenue essentielle.
« Nous ne pourrions pas nous en passer (les iPad), c’est certain », affirme Lyne Piché, membre du personnel d’entraîneurs de l’équipe nationale senior depuis 2010 ayant plus de 30 ans d’expérience dans le sport.
« Avec le nombre croissant de mouvements et huit nageuses à surveiller, nous devons être capables de vérifier ce que nous croyons avoir vu et faire les ajustements nécessaires. Les mouvements doivent être aussi identiques que possible. »
Selon Karine Thomas, les reprises vidéo à l’entraînement se sont révélées tout aussi utiles pour les athlètes qui tentent de s’améliorer constamment.
« Nous pouvons ralentir les mouvements, arrêter la vidéo et analyser certains angles, ce qui nous aide à être aussi synchronisées que possible. Nous travaillons aussi avec les experts en biomécanique une fois par semaine pour évaluer l’efficacité de nos mouvements dans l’eau. »
Bien que les nouvelles normes en matière de vitesse aient donné un facteur « wow » au sport, elles ont aussi rendu la tâche difficile pour les juges de suivre les mouvements et de donner les notes appropriées. Les nageuses synchronisées peuvent maintenant exécuter jusqu’à quatre mouvements de jambes en moins d’une seconde, ce qui rend le travail des juges plus ardu que jamais.
« La façon dont on note le sport est en train de changer, explique Mme Thomas. Il faut trouver le meilleur moyen de juger les niveaux de difficulté ainsi que l’exécution. Il est essentiel que les juges trouvent un bon équilibre entre ces deux éléments. »
Une solution qui semble simple serait d’incorporer l’utilisation des reprises vidéo pendant les compétitions. C’est une méthode utilisée fréquemment dans les autres sports, par exemple le patinage de vitesse sur courte piste. Mais si l’on tient compte de la durée moyenne des routines et du nombre d’équipes qui participent généralement à la Coupe du monde et aux Championnats du monde, l’introduction des reprises vidéo serait problématique, voire irréaliste.
Autrement, Mme Piché recommande que les équipes soumettent leurs listes d’éléments à l’avance, comme cela se fait en patinage artistique par exemple, pour donner aux juges un aperçu des éléments à surveiller pendant la compétition et ainsi diminuer le risque qu’ils ne voient pas certains éléments de la routine.
« Accomplir ce travail est une tâche presque surhumaine. Si le juge baisse les yeux pendant quelques secondes pour prendre des notes, il peut facilement ne pas voir certains aspects du programme qui pourraient lui faire ajouter ou soustraire des points. »
Un maquillage poussé
Même si les prouesses athlétiques des nageuses synchronisées sont de plus en plus impressionnantes, les éléments artistiques sont encore très présents. Le maquillage fait partie du sport depuis longtemps, mais ce n’est plus un problème pour les athlètes grâce aux nouveaux produits imperméables qui durent toute la journée (et ne peuvent être enlevés qu’avec un savon spécial).
Cela peut sembler futile, mais les avancées dans la technologie du maquillage ont permis aux nageuses synchronisées de se concentrer uniquement sur leurs performances; ils n’ont désormais à se faire maquiller qu’une seule fois par jour en comparaison avec les nombreuses séances de retouches qui étaient nécessaires auparavant et qui perturbaient l’entraînement et la préparation mentale des athlètes.
« C’est génial pour nous. Nous pouvons nous faire maquiller le matin et ne plus y repenser du reste de la journée, pendant notre entraînement et la compétition. Nous pouvons nous concentrer sur notre performance au lieu de tout le flafla », poursuit Mme Thomas.
L’été prochain, l’athlète originaire de Hull (Québec) et sa partenaire de duo, Jacqueline Simoneau, athlète de 19 ans elle aussi de La Belle Province, se rendront à Rio de Janeiro, au Brésil, en quête d’une médaille d’or olympique. Les épreuves de nage synchronisée de Rio 2016 auront lieu du 15 au 20 août.