Rio 2016 : Souvenirs sur le terrain
Comme le temps passe vite.
Il y a un an, le Canada était bien placé pour récolter son plus grand nombre de médailles à des Jeux olympiques d’été non boycottés. Tous les jours, vous, les amateurs, vous êtes rendus en masse sur le site Olympique.ca et les réseaux sociaux d’Équipe Canada pour rester au fait des dernières nouvelles et entrevues avec nos merveilleux athlètes.
Mais rien de tout cela ne se fait par magie. Voici donc un aperçu de cette expérience comme l’ont vécue certains membres de l’équipe de mission du Canada à Rio.
Les enfants d’Ipanema – Stephen Hosier
Je suis arrivé à Rio avec l’équipe du Numérique environ une semaine avant l’ouverture des Jeux. Il ne s’agissait pas de ma première visite à Rio, mais l’ambiance cette fois-ci était bel et bien différente de celle qui prévalait auparavant. Quelques mois plus tôt, j’avais décroché mon emploi de rêve au sein du Comité olympique canadien comme producteur vidéo et, tout d’un coup, voilà que je me posais au sol de la ville hôte des Jeux de la XXXIe Olympiade pour voir les Canadiens en quête de l’or sur la plus grande scène du monde. C’est peu dire que je débordais d’enthousiasme.
Mais avant de faire le circuit des sites olympiques, je me suis rendu sur la plage d’Ipanema avec mon appareil photo pour voir à quoi s’adonnaient les résidents locaux à la veille de l’ouverture des Jeux olympiques. Étant donné la grande fébrilité qui régnait avant la plus grande manifestation sportive au monde, je n’ai pas été étonné de constater que les résidents étaient pleins d’énergie et qu’ils restaient actifs – caractéristique fondamentale, bien entendu, de la culture brésilienne. Voici un échantillon de ce que nous avons pu observer :
« La médaille du Canada » – Beth MacDonnell
Comme amatrice de rugby, j’avais vraiment hâte que le rugby à sept fasse ses débuts olympiques. Savoir que la formation de l’équipe féminine canadienne était l’une des favorites pour remporter une médaille m’a davantage emballée. J’ai toujours su que les Jeux olympiques sont un moment qui unit notre pays. Mais je ne m’attendais pas du tout à voir à quel point les liens qui unissent les athlètes provenant des différents sports olympiques sont étroits.
J’ai été époustouflée par le sentiment de fierté qu’ont manifesté tous les athlètes que j’ai rencontrés face à l’idée de faire de la compétition en portant les couleurs de leur pays. Le plus bel exemple de ce sentiment – et, d’ailleurs, mon meilleur souvenir – remonte au moment qui a suivi la victoire de l’équipe féminine canadienne aux dépens de la Grande‑Bretagne qui a valu la médaille de bronze au Canada lors du tournoi inaugural de rugby à sept. La capitaine Jen Kish m’a offert sa médaille à peine quelques minutes après l’avoir reçue et m’a dit : « Essaie-la donc, c’est la médaille du Canada ».
Après les secondes, les minutes, les heures, les jours, les semaines, les années de préparation et les efforts qu’elle a déployés afin de remporter cette médaille, Jen me l’a remise humblement pour que je me l’enfile autour du cou. Le fait qu’elle ait pu se consacrer tellement à ramener cette médaille au Canada et, en fin de compte, qu’elle estime tout de même que tout le pays l’avait méritée a donné un nouveau sens à ma définition du concept de gratitude.
Ces athlètes olympiques ne connaîtront probablement jamais l’ampleur de la joie et de l’inspiration qu’ils font naître chez autrui, mais ce sentiment-là m’a laissé un souvenir que je n’oublierai jamais.
Réunis, enfin! – Camille Wallace
En grandissant, j’ai toujours aimé voir les olympiens célébrer leurs exploits, surtout quand cela signifiait qu’ils devaient sauter dans les gradins pour étreindre leurs familles. Cependant, ce n’est que lorsque j’étais sur place à Rio que je me suis rendue compte que de nombreux athlètes n’avaient droit à ce moment que quelques heures plus tard.
Après que Meaghan Benfeito et Roseline Filion aient remporté leur deuxième médaille de bronze olympique au 10 m synchro, elles sont allées directement faire leur tournée médiatique obligatoire – ce qui peut prendre des heures – sans voir leurs familles qui qui les encourageaient à partir des gradins. Plusieurs athlètes doivent attendre jusqu’à la fin de la tournée médiatique avant de voir leurs familles, mais lorsque le duo de plongeon est arrivé à l’arrêt d’Équipe Canada pour un Facebook Live, nous avons demandé à leur famille de les surprendre.
Regarder Meaghan et Roseline se précipiter avec excitation vers leurs parents – et vice versa – était l’un des moments les plus réconfortants que j’ai vécu à Rio.
La plus longue (grande) soirée – Paula Nichols
Deux heures avant les finales de la compétition de natation qui se déroulaient tous les soirs, je trouvais ma place dans la tribune de la presse, au stade aquatique olympique, et je me préparais à voir un athlète canadien remporter une médaille. Cela s’est concrétisé six soirs de compétition sur sept. Mais rien ne surpasse la frénésie à laquelle on a assisté le soir où Penny Oleksiak a gagné l’or.
Au cours de la première moitié de la finale de natation du 100 m style libre, la publication de notre reportage préalablement rédigé au sujet d’une médaille historique ne s’annonçait pas prometteuse. Mais, tout d’un coup, elle est passée à la vitesse supérieure et, quand elle a touché le mur, une lumière rouge s’est allumée sur son bloc de départ.
J’ai serré tellement fort le bras de mon collègue Steve Boudreau que je lui ai probablement fait un bleu (désolée!). Toutes les têtes se sont tournées vers le tableau des résultats. On entendait le bourdonnement de la foule, car la confusion s’est d’abord installée, suivie de la compréhension de ce qui était affiché au tableau : des chronos records olympiques pour Oleksiak et l’Américaine Simone Manuel.
Les rédacteurs d’autres comités nationaux olympiques m’ont félicitée à propos de la médaille d’or (comme si j’avais eu un rôle à jouer là-dedans) tandis que je descendais à toute vitesse deux escaliers pour me rendre à la zone mixte où il a fallu attendre patiemment. Ce n’est qu’après la cérémonie de remise des médailles et une conférence de presse que Penny s’est retrouvée face à face avec les journalistes.
Quand je suis enfin sortie du centre aquatique, il était presque 1 h du matin, mais ce n’était pas la fin de ma soirée; il restait encore un reportage à préparer. À 3 h 30, je me suis enfin mise au lit, et ce après avoir revécu l’une des épreuves les plus emballantes que j’ai jamais vues en personne.
Un marathon de sprints – Ariane Desrosiers
Pour l’équipe sur le terrain, le mot d’ordre était : « couvrir les Jeux olympiques est un marathon, pas un sprint ». Laissez-moi vous dire que j’en ai couru une shot pour ne pas rater des moments de médaille comme lors de la journée 18 août 2016.
Ce matin-là, j’étais à bord de la navette des médias à 6 h 30 pour me rendre au Centre de presse du Parc olympique de Barra juste à temps pour suivre sur les écrans les kayakistes Hugues Fournel et Ryan Cochrane dans la finale A du K2-200 m. Dès la fin de l’épreuve, je devais suivre les rondes préliminaires d’une dizaine d’épreuves d’athlétisme, de cyclisme et de plongeon avant de me rendre à au complexe aquatique Maria Lenk pour vivre la médaille de bronze de Meaghan Benfeito.
Et puis tout a déboulé parce qu’en moins d’une heure je devais : publier l’article, courir à la zone mixte pour prendre les impressions de la Canadienne, et me rendre à l’arène Carioca avant le début du combat pour la médaille d’or de la lutteuse Erica Wiebe. J’ai suivi tout le combat d’Erica de la zone mixte avec les autres journalistes canadiens avant de voir mon Erica entrer dans pièce, en larme et le sourire aux lèvres.
C’est fou la montagne russe d’émotions que nous fait vivre les Jeux, et cette journée-là n’était pas finie puisqu’un certain Andre De Grasse mettait la main sur l’argent au 200 m quatre heures plus tard.
Le monde est petit – Mark Nadolny
Le centre de presse aux Jeux olympiques est rempli de journalistes, de responsables sportifs et d’autres membres des médias (y compris des médias sociaux) du monde entier. Vous avez la possibilité d’interagir avec tant de personnes différentes de tous les horizons. Il y a aussi des occasions où on se dit « le monde est petit». Pour moi, un de ces moments a eu lieu pendant que je me dirigeais pour le déjeuner un jour.
Équipe Canada a l’un des uniformes les plus reconnaissables aux Jeux olympiques et, après avoir remarqué la feuille d’érable sur ma chemise, un homme vêtu de d’un uniforme d’Équipe Bulgarie est venu se présenter.
Georgi m’a demandé où je vivais au Canada. Quand je lui ai dit que j’étais d’Ottawa, je pouvais voir l’excitation sur son visage et il a dit: «Vraiment? J’ai aussi grandi à Ottawa. Je suis allé à Lisgar Collegiate High School et suis diplômé de 1981». Cela m’a complètement choqué. J’avais parcouru plus de 8 000 km du Canada vers le Brésil, pour rencontrer un homme de Bulgarie qui a fréquenté la même école secondaire que moi 25 ans plus tôt. Si ce n’est pas un moment de «le monde est petit», je ne sais pas ce que c’est. J’ai beaucoup de souvenirs liés au sport de mes quatre semaines au Brésil, mais je n’ai jamais imaginé rencontrer un nouvel ami. J’espère que tout va bien, Georgi.
Esprit de famille dans le village des athlètes
La vie d’un athlète de haut niveau qui voyage beaucoup se réduit souvent aux quatre murs de sa chambre d’hôtel et au miroir du gymnase où il s’entraîne. Ainsi, une partie de ce qui rend l’expérience olympique spéciale est le fait que les athlètes olympiques dorment, mangent et se détendent sous un même toit. Les quartiers canadiens du village des athlètes à Rio ont fait naître bien des souvenirs, en particulier le soir du 18 août.
Tous les téléviseurs étaient allumés, une douzaine d’athlètes étaient entassés à l’intérieur d’une pièce dont la taille était comparable à celle d’une garde-robe, dans l’unique but de regarder les finales d’athlétisme. Les membres de l’équipe de mission ont retrouvé Evan Dunfee, Angela Whyte, Taryn Suttie et Heather Steacy d’athlétisme, Allison Beveridge, Jasmin Glaesser et Kate O’Brien de cyclisme, Philippe Gagné, Meaghan Benfeito et Jennifer Abel de plongeon ainsi que Michelle Plouffe et Kia Nurse de basketball entassés pour regarder Andre De Grasse remporter l’argent au 200 m. Ils ont du sortir des meubles de la pièce pour accommoder tout le monde. Il y avait des athlètes assis sur les divans, sur le sol et même sur des chaises pliantes amenées de l’extérieur.
On trouvait des athlètes sur le divan, le plancher et même assis sur des chaises pliantes que l’on a rentrées de l’extérieur. C’est drôle sur le coup; c’est effectivement quelque chose de spécial, car lorsque l’on regarde tout ça avec un peu de recul, on constate que ces personnes proviennent de différents sports et sont tout aussi formidables les unes que les autres, y compris les médaillés olympiques sur piste et au plongeon . C’était vraiment un mélange parfait d’olympiens expérimentés et de recrues tous réunis pour vivre ce moment.