Ethan Katzberg effectue un lancer du marteau.AP/Bernat Armangue
AP/Bernat Armangue

Ethan Katzberg vise de poursuivre sa remarquable ascension à Paris 2024

Si on remontait dans le temps, très peu de gens l’auraient vu venir. Quand Ethan Katzberg se présentera au cercle de lancer des Jeux olympiques de Paris 2024, il ne le fera pas seulement à titre de premier Canadien à disputer une épreuve olympique masculine de lancer du marteau depuis James Steacy à Londres 2012, mais aussi en tant qu’un des plus jeunes membres d’une importante génération montante dans cette discipline. 

À 22 ans, il ira à Paris à titre d’un des favoris pour remporter une médaille, huit ans seulement après avoir fait ses débuts dans son sport. C’est seulement après qu’il eut terminé l’école secondaire à Nanaimo, en Colombie-Britannique, et se soit installé à Kamloops pour s’entraîner avec le médaillé olympique au lancer du poids Dylan Armstrong que les choses sont devenues plus sérieuses pour lui. 

Au cours des deux dernières années, il s’est particulièrement illustré sur la scène internationale du lancer du marteau, et son palmarès est vite devenu un des plus remarquables de son sport. Il est le champion du monde en titre, en plus d’avoir remporté la médaille d’or des Jeux panaméricains 2023 et celle d’argent aux Jeux du Commonwealth 2022.

Ethan Katzberg lève un bras dans les airs.
Ethan Katzberg célèbre après avoir remporté la médaille d’or au lancer du marteau masculin aux Jeux panaméricains de Santiago 2023. (Photo : Darren Calabrese/COC)

Malgré tous les succès qu’il a connus, on retrouve une confiance particulièrement tranquille chez Katzberg. Bien que son gabarit de 6 pieds 6 pouces et 236 livres puisse sembler menaçant à première vue, sa longue chevelure à la Louis Cyr, sa moustache à l’ancienne et son attitude tout en douceur se marient bien à l’approche déterminée, mais calme qu’il adopte dans le cadre de la pratique de son sport. 

À certains égards, sa nature détendue se reflète dans ses lancers. 

D’ailleurs, au beau milieu d’un horaire surchargé à l’approche de ses premiers Jeux olympiques, il est allé s’installer dans le paradis des vacanciers qu’est la région de l’Algarve au Portugal. Reconnu pour ses plages de sable blanc et ses températures tropicales, cet endroit offrait à Armstrong et lui un refuge reposant qui faisait contraste avec le rude hiver canadien. 

Ils n’étaient pas là en vacances, par contre.

Préparation pour Paris. Se qualifier. Lancer plus loin et gagner en force — tout cela, les yeux tournés vers les 2 et 4 août, quand il cherchera à décrocher l’or au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris. 

« Je ne force pas avec mes muscles pour lancer le marteau, a dit Katzberg à Olympique.ca en marge des Essais d’athlétisme présentés par Bell à la fin du mois de juin. Je n’essaie pas d’utiliser mes muscles pour projeter le marteau le plus fort possible. J’essaie juste de faire les choses de façon fluide, en y allant d’un mouvement fluide, et de simplement laisser les choses se passer comme elles doivent se passer. »

Pour Équipe Canada, c’est une occasion fort intéressante qui se présente au lancer du marteau en vue des Jeux de Paris. Non seulement Katzberg est-il un des favoris dans l’épreuve masculine, mais Camryn Rogers aspire aussi à une place sur le podium chez les femmes, elle qui est la championne du monde en titre. 

Bien que les pays européens aient dominé ce sport jusqu’ici — ils ont remporté 26 des 34 médailles d’or olympiques dans les épreuves masculines et féminines — ces deux lanceurs canadiens (et Britanno-Colombiens, faut-il préciser) ont attiré l’attention à l’échelle mondiale dans leur sport, ayant même atteint le statut de célébrités là où ce sport est suivi par un large public. 

« C’est vraiment encourageant et gratifiant d’être reconnus pour nos réalisations, et Camryn fait son truc elle aussi, souligne Katzberg. C’est vraiment fantastique d’avoir tout ce soutien. »

Une approche mécanique au moment de lancer

Aux Essais d’athlétisme présentés par Bell tenus à Montréal à la fin du mois de juin, rien n’a changé pour Katzberg, qui adopte une approche mécanique dans les compétitions. Il roule les épaules vers l’arrière, secoue les jambes et effectue tous les mouvements du corps nécessaires pour propulser le marteau au loin. 

En axant sa façon de faire sur la répétition, et non la superstition, il transforme son corps de façon à en faire une machine. Bien qu’il ne s’appuie pas sur la force pure, le lancer du marteau nécessite chez lui une approche empreinte d’énormément de précision, qu’il cherchera sans cesse à perfectionner au fil de sa carrière. 

« C’est quelque chose que je fais à l’entraînement, dans les compétitions et à l’échauffement, et c’est tout le temps une question de répéter la même chose et d’essayer de répéter le même genre de technique, indique-t-il. Il s’agit de commencer à bouger un petit peu et, ensuite, d’entrer dans le cercle de la même façon et de faire tous les différents mouvements. » 

Une fois échauffé, probablement de la même façon qu’il le fera à Paris, il a impressionné la foule réunie à Montréal. Il a failli écrire une page d’histoire. 

Le vent et la pluie s’abattaient sur le Complexe sportif Claude-Robillard. La foule, bien qu’enthousiaste, était beaucoup moins importante qu’elle le sera à Paris, mais chaque lancer, Katzberg est allé un peu plus loin. 

Il a d’abord réalisé un jet de 78,06 m, puis un autre un peu plus long de 80,51 m et, finalement, de 82,60 m à son quatrième lancer pour ainsi remporter la compétition et décrocher son billet pour Paris 2024. Tous ces lancers étaient parmi les plus longs jamais réalisés en sol canadien et, à travers tout ça, il souriait, savourant le moment avec une vision claire de ce qui allait arriver à Paris. 

« La foule était vraiment engagée dans le déroulement de la compétition et ç’a contribué à mon niveau de motivation, a-t-il déclaré à CBC Sports après l’épreuve. J’ai eu beaucoup de plaisir. Ça n’arrive pas souvent que la foule se retrouve si près du cercle de lancer du marteau et s’implique à ce point, et ç’a fait en sorte que c’était très stimulant. »

Bien que le lancer le plus long en sol canadien demeure celui de 83,38 m réalisé par le Polonais Szymon Ziółkowski aux Championnats du monde de World Athletics 2001 à Edmonton, Katzberg est venu près de l’égaler, et il entreprendra l’épreuve à Paris en tant qu’auteur du meilleur lancer au monde cette année.

Cette marque, le meilleur lancer réalisé par quiconque depuis 2008, il l’a enregistrée en avril au Kenya quand il a propulsé le marteau sur une distance de 84,38 m à l’occasion d’une étape du Circuit continental de World Athletics, montrant alors ce qu’il sera possiblement en mesure de faire sur la scène olympique.

« Je suis très concentré sur ce que j’ai à faire et comment je dois me préparer pour les compétitions, dit-il. Je reste concentré sur les façons dont je peux m’améliorer et sur ce que je peux faire différemment pour devenir meilleur. »

Atteindre son sommet au bon moment

Bien que Katzberg ait flirté avec des résultats historiques aux Essais, le meilleur est peut-être à venir. 

Chez tous les athlètes qui se préparent pour une compétition d’importance, le but est d’atteindre son sommet à l’occasion des Jeux. Bien souvent, il s’agit alors de réduire le rythme d’entraînement pour s’assurer que le corps soit assez frais et dispos pour livrer la marchandise à l’occasion de l’épreuve la plus importante. 

Pour Katzberg et Armstrong, cette baisse de régime n’a pas eu lieu, et ne fait pas partie du plan d’entraînement générationnel dont les racines remontent à Munich 1972 et au champion olympique ukrainien, le Dr Anatoliy Bondarchuk. Celui-ci était l’entraîneur d’Armstrong quand ce dernier a décroché sa médaille de bronze olympique au lancer du poids à Beijing 2008

Bien que Bondarchuk, qui a maintenant 84 ans, n’est pas sur la pelouse tous les jours avec Katzberg, son influence sur les sports de lancer canadiens est manifeste et elle l’est depuis qu’il est venu s’installer à Kamloops en 2005. 

Maintenant, 19 années plus tard et près d’un demi-siècle après la dernière médaille olympique que Bondarchuk a remportée à Montréal 1976, Katzberg se trouve dans un contexte idéal, avec une occasion unique à saisir, alors qu’il espère prolonger la récente domination du Canada à l’échelle mondiale au lancer du marteau et couronner sa remarquable ascension avec une médaille d’or olympique.« Je pense que c’est tout simplement l’occasion de vivre cette expérience et de compétitionner devant les partisans et les foules [qui m’emballent], a-t-il dit en pensant aux Jeux de Paris. J’ai hâte d’arriver au stade et de voir l’ampleur de tout ça. »