Nadia Popov #UneÉquipe
Comme ambassadrice du programme #UneÉquipe, Nadia Popov est amenée à parler de ses problèmes de santé mentale et de l’inclusion de la communauté LGBTQ au sein du sport. Bien que ces deux sujets semblent complètement différents, il est facile d’établir des parallèles entre les deux. Voici son histoire, de sa médaille d’or de rugby à sept aux Jeux panaméricains de 2015 jusqu’à son retour sur les bancs d’école de l’Université Queen’s pour poursuivre une carrière en médecine.
Comme athlète, Nadia a dû faire face à la dépression, son plus grand obstacle. « Je devais lutter pour avoir confiance en moi parce qu’une petite voix intérieure me disait que je n’étais jamais assez bonne. J’ai eu à faire face à plusieurs symptômes physiques de dépression, comme un état de fatigue chronique et des pertes d’appétit. Cette fatigue permanente et mes troubles alimentaires ont eu un effet sur ma capacité de performer comme une athlète de niveau national qui s’entraîne six jours par semaine. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me rendre compte que mes pensées négatives n’avaient aucune logique, puis m’en débarrasser. Avec une thérapie, une bonne prise de conscience et l’aide de mes proches, j’ai guéri. J’ai encore parfois du mal à gérer ma santé mentale, mais j’ai maintenant des outils qui me permettent d’être proactive pour me garder en bonne santé. »
En décembre 2015, le COC a organisé un événement de sa Série de l’excellence olympique (maintenant appeler LAB Olympique) où plusieurs olympiens et aspirants olympiens se réunissaient pour une conférence préparatoire en vue de Rio 2016. « Je venais d’écouter Clara Hughes donner un inspirant discours devant une foule d’athlètes et de membres d’équipes de soutien, et j’ai eu la chance de la rencontrer brièvement par la suite. Je l’ai remerciée d’avoir partagé ses difficultés face à la santé mentale. Sa bravoure a fait d’elle un modèle vers qui me tourner comme aspirante olympienne. »
Par coïncidence, cette même journée, Nadia a rencontré Rosie Cossar, et elle s’est engagée auprès du programme #UneÉquipe. « En passant près du kiosque #UneÉquipe, j’ai compris la chance que j’avais de m’impliquer dans une cause qui me tient à cœur et de jouer le rôle de modèle pour les athlètes LGBTQ comme Clara l’avait été pour mes problèmes de santé mentale. À force de réprimer les difficultés qu’ils éprouvent avec leur santé mentale ou leur manière de vivre leur sexualité (ou les deux), certains athlètes vivent d’immenses pressions. Ils ont souvent peur d’être rejetés ou d’entraver leur rêve olympique. Dans mon cas, m’impliquer auprès du programme #UneÉquipe et de YouCanPlay m’a donné une chance incroyable de contribuer au sport. J’avais maintenant un but alors que je vivais avec la difficile décision de me retirer du programme de l’équipe nationale. »
Comme ambassadrice du programme #UneÉquipe, Nadia est fière de participer à un mouvement qui lui a fait comprendre les enjeux vécus par de nombreux athlètes LGBTQ. « Je me suis impliquée parce que je voulais apporter des messages d’espoir à cette conversation et parce que je voulais aider ceux et celles qui peinent à se faire accepter dans leur sport. Mon expérience d’athlète LGBTQ au sein de l’équipe féminine de rugby a été incroyablement positive, et mes coéquipières ont joué un rôle crucial dans mon processus d’acceptation personnelle et d’acceptation de ma sexualité. Mon sport était un endroit sécuritaire pour découvrir qui je suis. Ça devrait être la norme pour tous ceux et celles qui vivent des difficultés face à leur identité. Cependant, le milieu du sport demeure empreint de certaines idées normalisatrices face aux genres et à l’expression de la sexualité qui sont profondément enracinées. Il est important d’éduquer les athlètes, les entraîneurs et les partisans à tous les niveaux de compétition afin qu’ils comprennent conscience que les mots blessent et que les stéréotypes causent beaucoup de tort. D’un côté, les athlètes qui pratiquent des sports qui défient les normes traditionnelles en matière de genres font souvent face à des stéréotypes supposant l’homosexualité. D’un autre côté, les athlètes évoluant dans des sports qui encouragent ces mêmes normes font aussi face à de plus grands préjugés si leur homosexualité s’oppose aux attentes. Étant moi-même une joueuse de rugby bisexuelle, j’ai eu à composer avec les deux côtés de cette médaille. Lorsque ma partenaire venait me voir jouer, j’étais consciente que nous contribuions au stéréotype que toutes les joueuses de rugby sont probablement homosexuelles. À ce moment, on faisait beaucoup de suppositions par rapport à ma sexualité. Maintenant que je suis célibataire, les gens présument que je suis quelqu’un qui “se cherche” parce que je ne m’identifie pas complètement comme homosexuelle ou hétérosexuelle. La sexualité est complexe. J’aimerais que les autres athlètes sachent qu’il est acceptable de s’afficher, peu importe sa sexualité, et que nos sentiments sont tout aussi valides. L’amour n’a aucune barrière et c’est la seule chose qui compte. Dans le sport, ce qui importe, c’est la volonté d’être le meilleur athlète et la meilleure personne possible ».
Partager son expérience était une décision difficile à prendre pour Nadia, mais lorsque CBC a publié un article qui racontait son histoire, plusieurs occasions se sont présentées à elle pour lui permettre d’améliorer sa santé mentale. « Je ne savais pas à quoi m’attendre quand CBC m’a demandé de partager mon expérience, mais j’ai finalement été submergée par l’appui de gens de partout à travers le pays et la planète. J’ai compris combien cette visibilité était capitale, et j’ai réalisé l’importance d’engager cette conversation par rapport à la santé mentale. Extérioriser mes problèmes m’a donné l’occasion d’aider d’autres personnes qui se sont senties à l’aise de me confier leurs propres ennuis. Même si chacun vit un parcours différent, je suis choyée qu’ils partagent avec moi leur histoire, et je suis heureuse de pouvoir leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. »
Nadia Popov : La maladie mentale m’a remplie de culpabilité. (anlgais seulement)
« Lorsque ma santé mentale s’est mise à dégénérer pour la première fois, je me suis isolée des gens et de tout ce que j’aimais. Je me sentais si seule, c’était insupportable. Quand j’ai commencé à me tourner vers mes proches et à chercher de l’aide professionnelle pour traiter ma maladie, un poids énorme s’est dissipé. J’avais enfin l’énergie nécessaire pour essayer de m’en sortir. J’aimerais continuer cette conversation et y laisser ma marque, plus particulièrement en ce qui concerne la santé mentale et le sport. On peut faire mieux lorsqu’il s’agit d’aider nos athlètes, allant des ligues-écoles jusqu’aux équipes nationales. Il faut d’abord créer un environnement où il est possible de parler ouvertement de nos vulnérabilités. »
En plus de son rôle d’ambassadrice, Nadia aspire à l’excellence académique. Sa contribution au programme #UneÉquipe grâce à You Can Play la motive à travailler pour qu’un changement tangible soit créé. Son rêve d’une carrière en médecine, en se concrétisant, lui permettra de continuer son combat pour l’égalité et pour que les Canadiens et Canadiennes puissent vivre des vies saines et épanouies.
« J’apporterai toujours ma contribution au sport, car je crois sincèrement qu’il améliore la qualité de vie des gens, sur le plan physique et mental. J’aimerais vivre dans un monde où tous ont accès au sport et à l’activité physique en bas âge. J’ignore où la vie me mènera après l’obtention de mon diplôme au printemps, mais je suis ouverte à toutes les possibilités et je suis impatiente de les découvrir. »